Inscrire son enfant à l’école en Chine : le divorce blanc, la solution ?

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La résurgence d’un ancien phénomène

Beaucoup pensent que les lois sont faites pour les protéger. D’autres individus pensent qu’au contraire, elles ne sont faites que pour les contrarier. Ces derniers essaient alors de trouver un moyen d’enfreindre les régles. C’est particulièrement le cas en Chine où, comme en France, le contournement du règlement en flirtant avec la légalité est devenu un sport national. Une expression chinoise résume d’ailleurs à merveille cette pratique : « zou houmen » 走后门 – passer par la porte de derrière.

On se souvient notamment de cette affaire, il y a quelques années. Pour pouvoir obtenir un logement à moindre coût, des couples utilisaient comme stratagème le divorce. Une fois célibataire, l’un des conjoints se retrouvait en situation précaire. Il pouvait ainsi bénéficier d’avantages qu’offre le système. Par exemple, il avait la possibilité de postuler plus facilement pour une habitation auprès de son « danwei », l’unité administrative des entreprises d’Etat. En effet, à l’époque, certaines unités de travail privilégiaient les personnes en difficulté pour accorder les hébergements. La requête obtenue, les fraudeurs se remariaient alors en toute légalité.

Et ces jours-ci, cette astuce a fait sa réapparition sous une forme nouvelle originale.

Des contraintes administratives sélectives

Pour limiter le nombre de demandes pour la prochaine rentrée scolaire, une école maternelle de Nankin a émis de nouvelles exigences au dossier d’inscription. Pour être admis, il est désormais obligatoire que le « hukou » soit enregistré au même endroit pour tous les membres d’une même famille civile, c’est-à-dire le père, la mère et l’enfant unique dans le modèle traditionnel. Mais comme cet archétype est battu en brèche de plus en plus souvent dans la Chine moderne, il y existe aujourd’hui de nombreuses familles monoparentales, il suffit que le parent célibataire et son chérubin aient tous les deux un « hukou » semblable pour que la candidature puisse être acceptée.

C’est la raison officieuse pour laquelle le couple Jiao se sépare officiellement. Ils espèrent ainsi voir leur fils unique de 3 ans admis dans cet établissement. « C’était notre seule possibilité car aucune institution ne voulait de notre enfant. Nous ne voulions évidemment pas en arriver là, mais comment pouvions nous faire autrement ? » a commenté Mme Jiao. En effet, bien que toute la famille vive à Nankin, Mr Jiao a toujours l’état civil de sa province d’origine, le Jiangsu. En Chine, changer son « hukou » n’est pas chose aisée. « De plus, le fait de changer de région ferait perdre à mon mari certains avantages sociaux » a par ailleurs rajouté Mme Jiao.

Plusieurs couples ont déjà divorcés

D’après les journalistes locaux, le cas des Jiao n’est pas un cas isolé. Cinq enfants se sont vus refuser l’accès à cet établissement. Parmi les parents concernés, trois couples sont déjà en instance de divorce. Et lorsqu’on leur demande s’ils comptent se remarier leurs enfants aussitôt admis, ces derniers fuient la réponse, embarrassés.

Un problème épineux

Ce sujet ennuie les autorités. Elles se voient confrontés à une nouvelle difficulté. Plusieurs ménages ont d’ailleurs déjà été reçus concernant ce souci, même si d’après l’exécutif il s’agirait d’un cas isolé.« Les écoles ont le droit de mettre en place leurs propres critères d’acceptation. Le règlement national ne précise pas cette particularité » a indiqué l’un des responsables locaux, avant d’ajouter que les parents sont fréquemment trop pointilleux concernant le choix de l’établissement. Car là est le cœur du problème, le souci principal des parents chinois. Comme tous bons géniteurs, ils veulent trouver une institution appropriée à la bonne éducation de leur progéniture.

Quel avenir pour l’enfant « Jiao » ?

Pour en revenir aux inscriptions des enfants de « pseudo-divorcés », dont le fils de cette chère Madame Jiao, leurs adhésions n’ont pas encore été approuvées. Les autorités locales ne semblent pas encore avoir résolu la question. En attendant, elles affirment qu’un établissement sera trouvé pour accueillir ces élèves, notamment dans l’un de jardins d’enfants situés à proximité de celui souhaité. Mais je me permets de leur rappeler un célèbre adage chinois : « Alors que tu chasses un tigre par la porte de devant, un loup peut entrer par celle de derrière ».

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